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   Musique  et  société

Michel Faure
Son regard sur l'Histoire sociale de la Musique

Néoclassicisme

 

Le mot apparaît dans les années 1880-1890, au moment où la réaction politique et sociale avance sous le masque d’une renaissance du classicisme. Les adversaires de cette réaction accusent le néoclassicisme de n’être, en architecture et en sculpture, qu’une imitation sinon un plagiat des canons de l’Antiquité gréco-romaine. On commença par fustiger du terme de néoclassique des monuments de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du siècle suivant (style église du Panthéon, de la Madeleine ou du British museum). Puis, lorsque le Sacre du Printemps, le Second Quatuor à cordes de Schoenberg et les premières œuvres de Messiaen ouvrirent la musique vers d’autres horizons sonores, les militants de la nouveauté fustigèrent de ce terme tous ceux qui demeuraient fidèles au système tonal traditionnel, -ou tous ceux qui faisaient mine d’y revenir, à commencer par l’auteur de Pulcinella lui-même. Edgar Varèse, puis Pierre Boulez disqualifièrent ainsi largement ceux qui leur faisaient ombre ou obstacle, surtout aux lendemains de la seconde guerre mondiale. Le groupe des Six inventé par Jean Cocteau dans le contexte du retour à l’ordre des années 1920 en fit notamment les frais, et avec lui toutes les musiques plus ou moins influencées par le retour à Bach et le retour à Mozart, les musiques de ce style ayant le tort d’avoir été à l’honneur sous Hitler et de l’être encore sous Staline. Propulser leur propre révolution sonore exigeait pareille injustice. Plus tard, les années 1970 venant, le vocable de néoclassicisme perdit sa nuance péjorative. Il caractérise aujourd’hui un style à part entière, proche de l’éclectisme. Cette esthétique devrait probablement être mise en rapport avec les périodes de crise, politique, sociale et économique.