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   Musique  et  société

Michel Faure
Son regard sur l'Histoire sociale de la Musique

bruit

Il n'existe pas à proprement parler de séparation entre la musique et le bruit. Tout bruit a vocation à devenir musique. Ce n'est qu'une question d'époque, de manière de procéder, d'expression, de besoin de faire entendre un son nouveau. Les Croisades nous ont valu les tambours et les timbales auxquelles Lully, Bach, Haydn et Mozart ont donné leurs lettres de noblesse. Gluck a fait entrer les cymbales dans l'orchestre, Spontini le tam-tam, Wagner les enclumes, les cloches... Sous l'influence des futuristes italiens tels Pratella et Russolo de nouveaux instruments ont vu le jour et Erik Satie que Jean Cocteau poussait dans le dos a incorporé à son orchestre un pistolet, une machine à écrire, une roue de loterie, une sirène et Ravel une machine à vent ou une râpe à fromage. Les conservateurs s'indignent devant l'entrée dans l'orchestre des percussions venant de tous les coins du monde, équivalent d'une immigration de métèques. Pour Balilla Pratella, il faut créer une polyphonie absolue… Exprimer l'âme musicale des foules, des grands chantiers industriels, des trains, des transatlantiques, des cuirassés, des automobiles et des aéroplanes. Quoiqu'il en soit, au regard des compositeurs tels Milhaud, Bartók, Varèse, Messiaen

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Xenakis, Stockhausen, John Cage, P. Henry, M. Jarre..., cette incorporation des bruits à la tradition musicale est dans la logique des choses. En 1947, Claude Delvincourt ouvre au CNSM une classe de timbales et percussions qu'il confie à F. Passerone. Intégration démocratique des bruits dans l'univers des sons, hier étroitement élitiste ?