Musique et société
Michel Faure
Son regard sur l'Histoire sociale de la Musique
Une étourderie de Beethoven dans son 5e concerto pour piano et orchestre ?
Le rondo final de ce concerto offre de quoi s'interroger. Les mesures 173 à 177 se présentent ainsi à en juger par la partition du soliste.
Un thème en la bémol majeur (certains musicologues le qualifient de joyeux, de victorieux...) apparaît successivement sous deux formes : l'une simple, la main droite du soliste montant les degrés de l'arpège tonal en finissant par se stabiliser ; la seconde, avec les mêmes doubles croches en clé de fa, mais une main droite qui, s'élevant du medium vers l'aigu, ajoute brillamment un degré de plus à l'arpège de mi bémol.
Or, lors de sa transposition en mi majeur quelques mesures plus loin ( mes. 200- 206 ), ce passage présente bien le même thème en arpège, d'abord simplement. Mais il omet dans sa variation, par-dessus la main gauche qui précipite ses triolets, le supplément d'aigu qu'on serait en droit d'attendre à la main droite qui énonce le thème. Celle-ci réitère, mesure 205, la stabilisation timorée de la mesure 177.
Manifestement, il y a là une anomalie, une incohérence. Aucune des éditions que j'ai consultées ne la signale ou la corrige. L'édition Urtext de G. Henle Verlag elle-même ignore le problème. En conscience, si je ne m'abuse, ne faut-il pas jouer ce passage ainsi ?
Qu'en pensent les mélomanes, les musicologues, les pianistes, les chefs d'orchestre ? Les virtuoses qui corrigent d'eux même cette étourderie - elle est probablement celle de Beethoven lui-même - l'ont-ils signalée aux éditeurs de leur partition ? Pourtant, depuis mil-deux-cents ans...
Même si techniquement parlant les solistes auraient à faire un effort de plus, musicalement, le dernier mouvement du concerto l' « Empereur » y gagnerait en finition et en panache.
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